Dreams of a Butterfly

This blog contains materials originally intended for my school alumni -- from the Lycee Marie Curie in Saigon, Vietnam. It is by its original audience rather nostalgic and wistful, hence the butterfly, a reference to the well-known story by Zhuang Zi. The old boys and girls can sometimes, however, get quite academic and/or bawdy. The postings can be in English, French or Vietnamese. All postings are copyrighted. ALL RIGHTS RESERVED.

Sunday, May 30, 2010

Lerins et Jean Cassien


Si vous descendez sur Cannes cet ete, faites un detour er visitez un des hauts lieux du monachisme: l'abbaye cistercienne de Lerins (ou Leyrins). Dans le cadre paradisiaque de la baie de Cannes, sur une ile fleurie, Lerins accueille visiteurs et pelerins depuis 1.500 ans. Elle est une etape incontournable de l'histoire religieuse de l'Occident, etant associee avec un personnage fascinant mais mal connu, Jean Cassien. 

Jean Cassien est ne en Provence vers 350. D'une famille illustre gallo-romaine, il connait latin et grec. Il entre dans l'Eglise. Possedant une curiosite insatiable, il decide de partir en Orient pour remonter aux sources de la religion. Le debut du 5eme siecle le voit a Constantinople ou il rencontre St Jean Chrysostome. Apres un sejour a Bethlehem, il part sur la capitale intellectuelle du monde mediterraneen, Alexandrie. 

L'Egypte en ce moment est en plein foisonnement religieux. Delaissant la civilisation, des milliers d'hommes et femmes partent dans le desert pour poursuivre leur quete spirituelle. C'est l'epoque de St Antoine (celui des tentations). Un nouveau mode de vie se developpe, notamment au grand centre monastique de Skete. Jean Cassien passe une dizaine d'annees parmi ces gens, voyageant a travers l'Egypte, jusqu'aux confins de la Thebaide (le desert de Thebes = Louxor). Il s'assied aux pieds de sages aux noms comme Panulphe ou Pandolphe. Il prend des notes copieuses. Ces conversations se font bien sur en grec. 

Au bout d'une dizaine d'annees, il prend une grande decision: il retourne en Gaule. Il fonde a Marseille une abbaye, St Victor (detruite a la Revolution). Apres quelques temps, il se retire a Lerins, et de la changea l'histoire du christianisme. Il decide en effet de transcrire ce qu'il a appris en Egypte. D'abord une collection d'aphorismes appelee "Collations" (le genre de Sagesse des Peres du Desert qu'on trouve en librairie). Puis, faisant preuve d'un esprit que mille ans plus tard on appellera cartesien, il fait une synthese de la spiritualite egyptienne, les "Instituts". Les chapitres contiennent des discussions thematiques de Dieu, les prieres, le mode de vie cenobitique, tout logiquement decline, et chose capitale, en latin -- le langage de l'Occident. 

De Lerins, son oeuvre se repand comme une trainee de poudre. Des monasteres se construisent selon le modele de Skete. Puis quelques annes plus tard les Instituts tombent entre les mains d'un autre clerc, Benoit de Nurcie, qui s'en inspire pour rediger sa fameuse Regle. Et ce fut l'explosion. L'Occident se couvre d'un manteau de monasteres. Malheureusement St Benoit recoit tout le credit, "Patron-saint de l'Europe" etc. et Jean Cassien (tout court, meme pas Saint) qui a ramene le savoir de l'Egypte est aujourd'hui plutot mal connu. 

Lerins vaut un detour si ce n'est que pour raviver le souvenir d'une figure cle du developpement de l'Europe.


photo by Alberto Fernandez Fernandez

Nefertiti


Des disputes juridiques sur le buste de Nefertiti furent recemment dans l'actualite. Ce fameux buste est l'une des oeuvres d'art les plus exquises que main d'homme n'aie jamais cree. Mais parlons un peu du sujet. 

Il y a des noms propres qui font rever: Kilimandjaro, Samarkande, Shehrazade, et bien sur Nefertiti. Tout le monde en a entendu parler bien qu'elle reste un mystere. Malraux disait: "Nefertiti est un visage sans une reine; Cleopatre est une reine sans visage" En effet dans l'imagination populaire les deux reines se confondent, et souvent en pensant a la trop fameuse Cleopatre en pense au visage du buste de Berlin. Ce n'est pas vraiment veridique parce que si Nefertiti etait une beaute reconnue par tous les textes, Cleopatre elle serait plutot...mediocre (mais comment celle-ci a donc fait pour seduire Cesar et Marc-Antoine? des techniques erotiques connues des seules pretresses d'Isis? mais ceci est une autre histoire). 

Pouquoi ces tenebres historiques pour Nefertiti? sans doute parce qu'elle faisait part d'une des plus grandes revolutions de l'histoire egyptienne, Elle etait en effet l'epouse du pharaon heretique Akhenaten. Et ce qu'ils on fait tout deux ebranlerent l'Egyspte. Akhenaten en effet, apres des millenaires d'histoire religieuse ou des multitudes de dieux et de desses occupaient le pantheon egyptien -- Osiris, Isis, Seth, Horus, Nephthys, etc, changea tout. Il decreta un jour qu'il n'y avait qu'un seul dieu, Aten le soleil, avec lui, le pharaon, comme representant unique sur terre. Il decida aussi de transferer la capitale, de Thebes (Louxor) ou les pretres de Ra etaient trop influents, a Amarna ou il fit etablir une capitale entierement nouvelle. 

D'ou Akhenaten a t'il tire ses idees? On ne sait pas; de Nefertiti peut-etre? on pourrait croire une influence hebraique, mais ce n'est pas possible parce Akhenaten precede Moise d'un demi-millenaire. Ce qu'on sait c'est que Nefertiti etait sa compagne devouee et sa confidante. On ne fait pas ce genre de decision sans le support de ses proches. Elle a donc du avoir une influence determinate sur ses idees. 

On ne sait pas ce que devint Nefertiti. Mais la revolution echoua. Les pretres des autres dieux etaient trop puissants. Craint mais deteste de son vivant, Akhenaten fut honni apres sa mort. Sa cartouche fut enlevee de tous les monuments de l'empire. Les temples d'Aten furent detruits, la capitale d'Amarna abandonnee, Le nouveau pharaon rentra a Thebes dans le giron des pretres de Ra. 

On connait heureusement beaucoup de la culture materielle de cette epoque parce que le successeur de Akhenaten, connu d'abord sous le nom de Tutankhaten, se reconvertit a l'ancienne religion et prit le nom de Tutankhamen. Il mourut jeune et sa mausolee fut la fameuse tombe remplie de tresors decouverte par Howard Carter en 1922. 

De Nefertiti, il reste le buste de Berlin, une vision d'un ideal feminin mal connu qui seduit encore apres des millenaires.

Prajna Paramita


Ceci est une reponse a ces remarques de PHDuc

je parie que cette video ne laisse pas neutre :http://www.youtube.com/watch?v=sftVGeqRWc4&playnext_from=TL&videos=T7...
On y entend distinctement la version chinoise du Bát Nhã :
Quán tự tại hành thâm,
bát nhã ba la mật đa thời ,
chiếu kiến ngũ uẩn giai KHÔNG , ...
Moi aussi je suis amoureux de ce Vide, accessoirement aussi de la
chanteuse qui chante le Vide...


Ah c'est une bonne surprise. Je n'ai jamais entendu ce morceau chante
comme ca. Ca change du style incantatoire des temples.

Pour ceux qui ne sont pas familiers, ce morceau est vraiment le
'coeur' de la ceremonie boudhiste vietnamienne, un peu comme le pater
noster l'est pour la messe chretienne. C'est le Ba't nha~ ta^m kinh,
ou Sutra prajna du coeur. Dans ce contexte, prajna (abrege de
prajnararamita) est un adjectif. On dit sutra prajna comme on dirait
essai existentialiste. Donc Duc, c'est plutot la version chinoise du
Tam Kinh, pas du Bat Nha.

Cette version chinoise est la version la plus souvent chantee dans les
ceremonies vietnamienne avec la prononciation Han Viet. C'est dommage
parce que le Tam Kinh est un expose tres concis et tres dense de la
pensee prajna. Dire que tout est dans la phrase 'Le Vide c'est la
Forme' ou 'La Forme n'est pas differente du Vide' c'est bien mais
c'est equivalent a dire L'energie est la meme chose que la masse
E=mc2. C'est vrai et cela encapsule toute la physique de l'energie
mais pour la plupart des gens cela ne veut rien dire.

Pour moi la comparaison la plus interessante est avec Platon. Pour
Platon, la realite presuppose l'existence de choses ideales et
essentielles. Dans le mythe fameux de la cave, nous humains sont comme
des prisonniers qui regardent la projections d'ombres devant nous de
choses qui existent derriere nous. Dans la pensee prajna, il n'y a
rien derriere nous, seulement le vide. Les ombres que nous voyons sont
essentiellement les memes que les choses qui sont derriere nous, La
Forme est le Vide. Ne pensez pas qu'il y a des choses derriere.

Conclusion, ne passez pas votre temps a rechercher le nirvana comme un
endroit ou un etat d'ame a part du monde. Ce nirvana la n'est
aucunement different de ou vous etes, le samsara. Nirvana n'est pas
different essentiellement de samsara. Donc, et c'est la grande
revolution conceptuelle prajna, vous avez le potentiel vous memes de
devenir boudha ici et maintenant. C'est le grand message du Tam Kinh.
Ceux qui realisent ce message et l'internalisent ont passe sur l'autre rive.
C'est ce que le "kiet de kiet de" veut dire. du sanskrit "gate gate
pāragate pārasaṃgate bodhi svāhā" ou en anglais "gone gone, gone
beyond, gone altogether beyond, O what an awakening, all hail!" Or
more colloquially (my translation): "made it, we all made it, alleluia
mama."

'Cultural Amnesia'

The first book of literary criticism I paid attention to was Nha Van
Hien Dai
of Vu Ngoc Phan, a voluminous tome from the 40s that included
biographical essays from a number of Vietnamese writers of the time.
The treatise was long on geographical details: so and so was born in
Province X, District Y, Village Z, sometime even specifying the
hamlet. I was never really sure why we went into such level of details
but figures it must be a Vietnamese things. The book was divided into
a number of essays accompanied by a picture of the author under
discussion.

Over Christmas I read a book that brought to mind Nha Van Hien Dai. It
looked the same: a big tome with a number of essays accompanied by a
pictures of the writer under discussion. And just as the old book
provided me much pleasure in my school days, so does this new book
give me tremendous pleasure over these holidays. I am still reading it
with delight, discovering new things all the time. The book is
Cultural Amnesia by Clive James, and truly it has been a long time
since I found a book so interesting.

I did not know the author, Clive James, but as I read on I discovered
a kindred spirit whom I then trusted to help me discover uncharted
intellectual territory.

Cultural Amnesia is about culture, the one we live with and the one we
inherited, whether we want to or not. A lot of what constitutes the
bedrock of contemporary western thought. But it will be interesting
for me to describe how I discovered and fell in love with a book, Like
a person, a book when looked pass its cover sometimes reveal a multi
faceted treasure.

First of all the treatise is a love paean, a declaration of love and
faith to liberal democracy. In not so many words, it states that
culture is inseparable from its political environment and the West was
lucky enough to have benefited from a commitment to humanism and
liberal democracy.

These are concepts that I cherish myself and I find it good to be
reminded by an apparently very learned author. I received
confirmations of my likes and dislikes: like me, James likes Aron,
Camus. Marc Bloch (the founder of the Annales school of historiography
in France, executed by the Germans for his involvement in the
Resistance); and dislikes Sartre, and the glamorous but
incomprehensible contemporary philosophes – Foucault, Derrida etc.
These serve as litmus tests that led me to trust him when it comes to
unexplored cultural territory, and what territory it was: the vast
landscape of western culture ranging from German to English, Spanish,
Italian, Russian, Polish and even Japanese, all looked through the
prism of the influence of the two crushing forces of the twentieth
century: fascism and communism.

The author reminds us that tyranny begets tragedy. He details the work
of Tacitus, reminding us how the Roman author was so good at
describing the horrors of absolute tyranny, which started in Rome
under Tiberius. One anecdote from Tacitus: when the young daughter of
a nobleman was led away to be executed, she asked:” What have I done,
I will not do it again.” A plea that resonates across the centuries,
to be echoed by the plea of a young Jewish woman, about to be shot by
Nazis. A group of Jews was herded naked in a field in Russia in WWII.
One of the Germans, the author of the recollection, was walking
nearby. One of the girls pointed to herself, and said “twenty three”
These two anecdotes-- two cries of innocence stated so innocently --
put together were devastating. It pointed out the roots of tragedy and
the culmination of tragedy in the 20th century. Clive James pointed
out how literature by keeping these episodes alive was impacted and
impact life. And life in the 20th century was not pleasant.

Literature cannot escape politics, and cannot escape history because
they are part of life, and literature – the best of it – is also about
life. Clive James is a wonderful guide to both.

I will share some more as I delve further.

Thursday, May 27, 2010

Au lagon a l'aube

Un jour au bout du monde le soleil se leve
Sur le bord d'un lagon perdu a l'eau crystalline
Ou` les filles brunes aiment toujours se baigner nues
Parmi les branches de corail nudiformes
Cherchant les trochus aux formes de trombes
Pour en faire des boucles de nacre et d'aurore
Et faire battre le coeur des braves adolescents

Je guette les rayons qui chauffent et eclairent
Les recoins des epaves qui rouillent et se desintegrent
Pauvres reliques des grands vaisseaux conquerants
Comme le souvenir de mes amours disparues
Quand l'alize ravive les relents de memoire
Et la peinture qui s'ecaille rappelle les larmes assechees
A l'heure ou les sirenes sont longtemps passees

Les vagues clapotent et se suivent l'une apres l'autre
Si semblables et pourtant si differentes
Fragments d'existence qui se poursuivent et se renouvellent
Sans que jamais on puisse arreter ou retourner
Et l'eau s'enfuit a travers les doigts ecartes
Telles les promesses et serments des anciennes amantes
Rien ne reste et pourtant c'est beau

Monday, May 03, 2010

Un ete 73

Ôi những người tôi chỉ chào một bận
Chân xa mau chưa kịp bước giao thân
(lu dans un magazine litteraire a Saigon en 1973)

L’une s’appelait BN. Elle etait un peu plus agee que moi. Elle avait une tete d’Eurasienne, donc tres belle, et avec un air de sophistication. Elle avait adopte cette facon bien gallique de tenir une cigarette que plus tard, etant non fumeur, j’apprendrai a redouter, mais qu’en ce temps-la apparaissait comme un paroxysme de civilisation: le coude tout pres du corps; le poignet courbe pour former une sorte de S majuscule avec le bras; les doigts renfermes transperces par la cigarette; le bout des doigts frolant la joue, pour attirer l’attention vers les yeux au regard garboesque, En tout cas, comme education sentimentale elle servait bien. En bref, elle m’eblouissait. Son pere, un ami de ma mere, etait un manager de la banque Viet Nam Cong Thuong a Saigon.

L’autre, l’amie de BN, est plus floue dans ma memoire. J’en suis un peu honteux mais je me souviens a peine de son visage et plus du tout de son nom. Elle etait en TD dans notre promotion et peut-etre qu’elle se reconnaitra dans ce petit bout de prose. Mais entre nous trois nous avions engendre un de ces moments qui restent dans la memoire toute une vie. Faute de mieux je l’appellerai Y.

C’etait a Dalat en 1973. Apres les Accords de Paris, il y eut un bref moment d’accalmie dans la guerre. Pour la premiere fois depuis le Tet Mau Than la route de Dalat etait ouverte et securisee. Beaucoup de familles de Saigon prirent leurs vacances a Dalat cet ete-la. En particulier il y avait toute la famille de Cao Thien Loc et toute la famille de Phan Minh Hien. Ils se deplacaient dans deux minibus pleines de gens et de joie. Je les rencontraient souvent aux differents points d’attraction de Dalat. Les enfants de M. Ho Tan Phat, le directeur de la centrale electrique de Da Nhim et un genre de cousin de mon pere, etaient la aussi. Tuyet Mai, la future Mme Vinh Khiem etait aussi la, ses parents sejournant dans la villa des futurs beaux-parents de Thuan Hoa (Saigon est tres petit). Je fis la connaissance de Tuyet Lan, une jeune fille mignonne comme un bouton de rose, dont le pere architecte deviendra renomme plus tard en France pour le plan d’urbanisation de la station de Meribel. En ce temps-la il venait de completer la maison de mes parents. Bref, il y avait une foule tres plaisante.

Mais surtout je rencontrai BN et Y. En ce temps la je n’avais aucune experience de filles. Plus tard au USA j’appris les termes nerd ou geek. En 73 c’etait peut-etre le terme plus approprie pour moi. Un petit gars chetif et malingre avec une tete trop grande pour son corps et qui en plus etait trop remplie. Les grosses lunettes ne donnaient pas l’impression contraire. Cela va de soit que j’etais puceau. Rencontrer BN etait un microcosme, un modele reduit et maintes fois simplifie de la rencontre entre Einstein et Marilyn Monroe. Je n’en revenais pas.

Ma mere rencontra M. Phat, le pere de BN par hasard, pres du marche central de Dalat. Exclamations de joie, invitations, causeries, et suggestions que les “enfants” pourraient “jouer” ensemble. “De may dua nho no choi chung, tui no cung lua.” BN me traita immediatement comme un ami de longue date. J’ai tout de suite adore la camaraderie franche avec elle, qui contrastait avec les interactions timides et plutot guindees que j’avai eu avec les filles jusque la. C’etait un style tres “francais” que j’adorais. Cinq minutes apres l’introduction, BN suggera qu’on aille quelque part discuter de ce qu’on va faire ensuite hors de la portee des adultes. Et on a fait des plans de visites de sites. J’etais tout a fait a l’aise donc j’ai commence a plaisanter . Maints fous rires et plasanteries reciproques. Je decouvris que c’etait beaucoup mieux que les virees avec une bande de garcons.
Pendant deux jours nous explorames les recoins de Dalat, sans les parents. Le deuxieme jour, je les invitai a diner a l’Hotel Palace ou ma famille sejournait. C’etait la premiere fois que j’ai invite une fille a sortir le soir et maintenant j’en avais deux. Ce fut magnifique parce que tout marcha bien.

Notre chauffeur les amena a l’hotel a l’heure. Elles etaient habillees pour la soiree, et j’avais un veston. J’etais fier comme Artaban parce que nous etions, ou plutot elles etaient -- surtout BN -- magnifiques et radieuses. Des hommes murs auraient ete fiers de les avoir comme compagnes. Elles etaient deja des femmes et avec elles je me sentais moins jeune garcon. Je commencai a apprecier etre jeune homme. Je leur offris le bras et avec une belle demoiselle a chaque bras je penetrai dans la grande salle a manger.

Le Palace Hotel de ce temps-la etait vetuste, avec des signes d’age partout. Mais il avait un charme certain. Il y avait de gros fauteuils de cuir dans le lobby, et des affiches avanees de longue date qui proclamaient “chasse au tigres en elephant a Ban Me Thuot!” Le restaurant etait une salle tres grande avec des rideaux rouges qui auraient du etre remplacees vingt ans auparavant.

Le menu etait en apparence exquis avec une petite carte au milieu de la table declinant dans les meilleures traditions des arts de la table hors d’oeuvres, entrée, plats, fromage et dessert, avec vins. Le probleme c’est qu’en actualite le menu ne changeait presque pas chaque jour, bien que le petit carton recitait quelque chose de different. Ma famille etait restee au Palace une semaine. Et tous les soirs on servait la meme soupe aux legumes, mais le nom changeait: minestrone, soupe printaniere, potage quatre-saisons. Le cuisinier etait beaucoup plus ecrivain que cuisteau.

Donc ce soir la nous primes de la soupe printaniere. C’est etrange que je ne me souviens plus du nom de mes hotes mais je me souviens exactement du nom de la soupe. Et quel sentiment de puissance quand mes hotes de laisserent passer la commande! “Et mademoiselle prendra…” Pour cet adolescent que j’etais, ce petit geste dans un grand hotel suranne avec des compagnes a faire tourner la tete aux touristes japonais, fut l’un des grands moments de ma jeunesse, un moment extraordinaire, suspendu dans le flot des souvenirs. Ce fut Lance Armstrong passant l’arrivee du Tour de France la premiere fois; ce fut les Red Sox gagnant le World Series. Ce fut la derniere fois que je vis Dalat pour de longues, tres longues annees.

Je perdis BN de vue. Elle est quelque part en France, peut-etre n’ayant aucune recollection de moi. Quant a Y je l’ai croisee plusieurs fois a Marie Curie mais on se parlerent a peine. Si tu te reconnais dans cette histoire,Y de TD, ecris moi. Mon ete de Dalat resta comme une perle solitaire dans son ecrin. Les autres caracteres de l’histoire comme Loc (mais non Hien) et Mai je revis bien sur plus tard assez souvent. Tuyet Lan je rencontrai une fois en France.

C’est etrange comme les plus petits moments peuvent laisser les traces les plus profondes.

> Reaction et avertissement d'un lecteur: "Tu m' avais deja raconte cette histoire en 2007 lors de ton arrivee ...
Maintenant je prends connaissance de ton style ecrit.  J' ai beaucoup apprecie ce melange d' Alain Fournier, Proust et Flaubert. Du grand art.
A la fin tu avais parle d' une perle dans son ecrin. Je te propose de l' y laisser. Les plus beaux souvenirs ont un parfum d' inacheve. On se souvient d' une image, on vit avec la realite. Ne reveille pas un 'songe d' une nuit d' ete'. C' est plus beau comme cela."

Sunday, May 02, 2010

Le Grand gala de 1943 (chronique)


I thought a lot about my parents these holidays. This piece is
actually for my father's eyes, but I thought some of you may find it
interesting. 

Le Grand gala de 1943
A mon pere qui y a participe 
Saigon, 1943. Les troupes japonaises occupent l'Indochine francaise mais laissent les renes de l'administration aux Francais qui essaient desesperement de maintenir le status quo colonial. Neammoins, face aux sirenes de la Sphere de Co-prosperite pronee par le Japon, l'administration coloniale se crut obligee d'encourager des manifestations indigenes centrees, soi sur les sports avec le mouvement Ducoroy, soi sur les presentations culturelles. Dans ce contexte, la municipalite de Saigon donna son accord a un gala organise par la Federation des etudiants et lyceens de Saigon. On escomptait des danses folkloriques et quelques chansons traditionnelles, de quoi promouvoir la couleur locale bon chic bon genre. C'etait sans compter sur un jeune etudiant de lettres francaises myope et sudiste. Son nom: Luu Huu Phuoc.Il a ete invite par le president de la federation des etudiants, Huynh Van Tieng, a fournir la musique pour le gala. 
Luu Huu Phuoc est maintenant connu, Il y a Rouget de Lisle et il y a Luu Huu Phuoc, Ses chansons patriotiques font part du patrimoine culturel le plus precieux du Vietnam. Mais en ce temps la personne ne le connaissait. Pour comprendre ce qui va se passer, il faut se souvenir que la musique vietnamienne, reservee au "nhaque" et aux "thiba" n'a jamais ete presentee au Theatre municipal de Saigon. On y allait pour entendre Gounod ou Massenet et pour les modernes, Tino Rossi ou Lucienne Boyer. Pour la premiere fois des chansons vietnamiennes seront en vendette. 
Phuoc est ne au Sud mais l'annee precedente il a interrompu ses etudes a l'Universite indochinoise de Hanoi pour rentrer avec quelques amis a Saigon en velo. Il a ecrit une chanson sur cette epopee: Il faut ranger les plumes pour aller au devant du destin. Le destin l'attendra cette soiree de 1943 au Theatre  municipal. 
Huynh Van Tieng avait bien fait. Tous les grands etablissements scolaires (il n'y avait qu'une poignee d'etudiants dans ce temps) de la ville participait au gala. La majorite du travail et du service d'ordre etait assumee par le Lycee Petrus Ky. Mon pere y etait. Il y avait meme des participants des lycees francophones, Chasseloup-Laubat ou` l'heritier du trone cambodgien etait pensionnaire et le Lycee Marie Curie donc les ecolieres agacaient beaucoup de gens avec leur caquetteries en francais ou en vietnamien sans accent avec des doses de 'toi' et 'moi' au lieu des prenoms vietnamiens corrects. Mais tout le monde cooperait bon enfants. 
On fait salle comble. La soiree saigonnaise est moite. L'audience est enthousiaste mais polie. Le gala commence par quelques danses folkroriques et quelques chansons populaires en francais. L'audience reagit avec enthousiasme. Puis on annonce une piece historique celebrant la victoire de Bach Dang sur les Mongols. L'audience reagit avec encore plus d'elan. On suivit par une autre chanson celebrant la victoire de Chi Lang sur les chinois. Ces chansons sont tres connues,mais elles ne l'etaient point en 1943. La foule reagit. Cette fois les applaudissements sont prolongees. La foule s'echauffe. On annonce l'entracte. 
Apres l'entracte on enchaine par une piece de theatre de Luu Huu Phuoc: Dem Lam Son, La nuit de Lam Son, lieu d'ou` est parti le grand roi Le Loi pour reconquerir le Vietnam de la domination des Ming chinois.  La piece avait plusieurs actes. Dans le premier acte le vieux Nguyen Phi Khanh exile en Chine pour activites politiques se tourne vers son fils Nguyen Trai, et se faisant adressant l'audience lui fait promettre de dedier sa vie a l'independance du pays. Silence ecrasant dans l'audience avec quelques renifflements. 
Au second acte, Nguyen Trai se met au service de Le Loi. Celui-ci degaine son epee et  adressant l'audience declame: "je jure de ne rengainer cette epee que quand notre pays sera independant." L'audience se dechaine. Des echos de "je le jure" fuserent. L'audience commence a` marteler le parquet de la salle rythmiquemnent pendant de longues minutes, ceci tout au long de la piece, pour presque chaque ligne de dialogue et quand enfin Le Loi declare le pays independant, l'audience est debout criant, gesticulant, hurlant. 
Le numero prochain etait Hoi Nghi Dien Hong, la Conference de Dien Hong. Maintenant tres familier aussi mais c'etait la premiere fois que cette piece etait presentee en public a Saigon. C'est une representation musicale de la grande consultation par le roi Tran des notables du royaumes sur les moyens de combattre les envahisseurs mongols. Dans la piece le roi chantait une question et le choeur lui repondait. Ce soir le chanteur jouant le roi se mit tout au devant de la scene, et chante ces lignes: 
- Truoc nhuc nuoc nen hoa hay nen chien
- Devant l'humiliation nationale, offrirons-nous paix ou la guerre? 

La reponse est tonitruante: Quyet chien -- la guerre 
- The nuoc yeu lay gi lo chien chinh
- Avec un pays faible comment faire la guerre? 

- La reoonse hurlee: Hy sinh -- le sacrifice 
L'audience crie, hurle, pleure, sanglotte, rie, applaudit. Les musiciens, le choeur, pleurent aussi. On martele le parquet. On bondit, on gesticule. 
Le choeur enchaine par une chanson appelee timidement dans le
programme la Marche des etudiants.: 

Nay thanh nien oi dung len dap loi song nui
Dong long cung di ta di mo duong xay loi
Vi non song nuoc xua the muon nam cho quen
Nao anh em bac nam cung nhau ta ket doan 

Thanh nien oi hay hien than duoi co
Thanh nien oi mau lam cho coi bo
Thoat con tan pha
Ve vang noi giong
Xung danh ngan nam dong giong Lac Hong. 

Jeunes gens sacrifiez vous
Jeunes gens protegez nos frontieres
Sauvez notre pays
Glorifiez votre race
Soyez dignes de vos ancetres millenaires 

L'enthousiasme est a son comble. On hurle, on crie toujours, Quelqu'un lance une chaise dans la foule, D'autres font suite, On commence a casser. C'est l'emeute. Le service d'ordre intervient. La police arrive. On arrete la representation. On evacue la salle. Dans une semaine tous les responsables et organisateurs seront arretes par la Surete. Certains seront emprisonnes comme subversifs a Poulo Condore. 
Mais pour ceux qui ont participe a cette soiree-la, le souvenir les marquera toute leur vie. Ce fut une soiree de decision. Derriere se gala s'entrevoient Aout 45, le Comite du Sud, Thu Dau Mot, La Plaine des Joncs, la difficile 'pacification'. Ce soir la`, dans l'esprit de ces jeunes de Saigon, l'elite intellectuelle du Sud, dans une salle surchauffee la Cochinchine cessa d'etre francaise. 

Love Rehab

It's getting better, it's getting better 
The pain is spacing out 
Reject refuse deny 
Any good and tender thought 
Don't think don't dwell don't bring up 
Anything that may cause a sigh 
And perchance don't dream 
O God don't dream 
Of what might have been 
Count the hours count the days 
Stop the urge stop the heart 
Tell it to beat but not to pine 
Victory is in sight 
The day will come when with a smile 
A proud and idiotic smile 
You can show off the stump 
Of your mutilated soul and cry 
I don't feel anymore 
I don't care anymore 
I can't write like this anymore 

J'ai enlace mes chagrins


J'ai enlace mes chagrins, mes soupirs 
Mes regrets, mes remords et mes pleurs 
Comme des tulipes ou des hyacinthes 
En bulbes je les ai plantees dans mon jardin 
Un apres midi d'hiver approchant 

Car le printemps qui va naitre je le sais 
En fera des fleurs splendides et radieuses 
Rouges, jaunes, ochres, carmines ou rayees 
Tapis de teintes et vitrail de verdure 
Tiges jonchees couronnees d'ecarlate 

Brassees orgueilleuses et radieuses 
Plantes fideles appelees de la terre 
Nourriciere et ignorante des malheurs 
Mais non de cette seve que l'on n'oublie pas 
Et que les poetes appellent l'amour 

Mi-automne

I was having moon cakes (sent from the US) and looking at the moon tonight with my son. Suddenly some thoughts just sprang up and I saw myself a young kid doing the same thing with my parents a long long time ago in a place far far away. I tried to describe the feelings and came up with this 


Mi-automne 

La lune etait au rendez-vous douce et tendre 
Comme une amante riante dans une nuit d'amour 
Une lumiere tamisee a travers quelques branches 
D'arequiers ou est-ce de cocotiers 
Des nuages noirs formes comme un ecrin 
Pour un joyau splendide qui eclairait la nuit 
Tel un phare dans le Pacifique 

Un gosse mangeant des friandises antiques 
Comme son pere l'avait fait sous d'autres cieux 
Les memes gestes qui rappellent des generations passees 
D'ici ou bien d'ailleurs les reflets 
D'une ville dont les pensees colportent 
Bien des regrets et bien de soupirs 
Telles les plaintes d'un exile' 

Un gateau tout bete avec du lotus et des oeufs 
Comme des spheres perdus dans l'hyperespace 
Avec une ecorce toute couverte de caracteres 
Qui fait un effet de cabaliste 
Et evoque des lanternes colorees 
Qui apparaissent et s'en vont dans mon esprit 
Tel un defile' de fees qui passe et disparait 

Saturday, May 01, 2010

Mi Chu Hoa


Mi Chu Hoa (A la recherche de la saveur perdue)

Il y a pres du marche de Saigon un quartier plein de ces vieux logements particuliers aux villes coloniales, les compartiments, (ca(n pho^’). Bien que n’ayant pas l’attrait des villas, ces compartiments degagent un charme certain, comme le temoigne leur usage comme exterieur par les films en cherche d’atmosphere comme l’Amant. Ce quartier du Vieux Marche (Cho*. Cu?) beneficiait de notre temps de nombreux arbres ombrages, qui rehaussaient son charme.

Dans ce quartier on trouvait parfois par surprise d’autres types de logements plus imposants. Par exemple, il y avait a deux pas du marche, mais dans un monde a part, la magnifique residence des Hui Bon Hoa. Cette immense batisse occupait la superficie de tout un pate ("block") de maisons, avec un grand jardin et une haute grille de fer forge couverte de plantes grimpantes. C’etait une grande villa de ce style franco-chinois repandu dans les annees 30 et 40, c’est-a-dire europeen avec des touches orientales. Derniere sa grande grille et son parc, la villa imposait un sens de mystere au quartier environnant, surtout le soir.

Je n’y suis entre qu’une fois, quand j’etais petit, avec ma grand-mere qui y avait des affaires. Je me souviens surtout d’impressions: un vestibule puis un hall enorme eclaire par une penombre pleine de fraicheur, avec un escalier sorti tout droit d’un film de Hollywood. Meme notre interlocuteur exudait un air de mystere. Mais sans doute etaient-ce les impressions d’un enfant pour qui les proportions de la maison semblaient etre d’une dimension demesuree. La legende de la famille Hui Bon Hoa, avec le mythe de l’ancetre qui commenca avec un commerce de verrerie de broquante et devint millionnaire, (cette famille est actuellement l’une des plus illustres familles sino-vietnamiennes), accentuait le sens de mystere.

Quartier paisible, a part du tohu-bohu du Marche Central, avec un air detache du reste de la ville. Parfait pour la suite de ce recit. Je ne vais pas parler des Hui Bon Hoa, d’architecture, ou meme de la residence vetuste. Je vais parler de ce qu’on trouvait en ce temps la de l’autre cote de la rue: rien moins que le meilleur mi` xa`o do`n (nouilles craquantes) du monde, connu parmi les inities sous le nom de "Mi` Chu’ Hoa?", en somme de bouffe, comme tout bon recit nostalgique doit en mentioner.

Il y avait donc un restaurant de l’autre cote de la rue, en face de la grille qui etait chargee de lierre de ce cote la. Le restaurant n’avait pas d’enseigne. Personne ne semblait en connaitre le nom officiel, mais Mi Chu Hoa etait suffisant pour eliciter des grognements de satisfaction parmis les fins gourmets. Il y avait quelques tables a l’interieur sous des lampes de neon assez blafardes, et quelques tables a l’exterieur sous d’autres tubes de neon, et c’est tout. La nuit, quand le reste du quartier est enseveli dans l’ombre, il ne reste que cet accueillant oasis de lumiere, la grille et la batisse imposante de l’autre cote. On se croirait presque dans une autre monde, un reflet d’Europe, loin des soucis journaliers, ou de lycee dans mon cas. Et dans cet oasis on mangeait un plat digne des dieux.

Il y a un art au mi xao don. Trop souvent les nouilles frites sont pleines d’air et trop legeres. Ou bien elles sont trop grasses, degoulinant d’huile ou de graisse. Mais a Mi Chu Hoa, les nouilles sont faites maison. Elles sont larges, cylindriques comme des spaghetti, solides, croustillantes, avec un arriere-gout de cacahuetes. Les plats coutaient entre 100 et 300 piastres. Mais pour qui sait commander, demandez a la patronne de faire un plat de 500 piastres et emerveillez-vous.

Imaginez une grande assiette ovale. Comme un nid d’oiseau y est installee une profusion de nouilles a l’aspect brun fonce, le tout sous un monceau , une montagne, de petits bouts de porc, de fruits-de-mer (crevettes, seiches), differents legumes croquants, le tout avec une profusion de couleurs oranges et vertes, dans une sauce brune d’ou s’elevent des fumees chargees d’une odeur d’huile d’huitres. Les papilles gustatives remuent juste a y penser.

Et le bruit. Apres l’odorat, la vue et les couleurs, il y a avant meme le gout, l’ouie. Le son des craquelement des nouilles qu’on separe. Ce son particulier d’une masse dense et pourtant legere, cr……accc, qu’on met dans son bol et qu’on eleve vers les levres. Le son des nouilles presses dans la bouche et lentement comprimees par les machoires. Et enfin…la saveur qui atteint le cerveau comme un jet de stimulants. Une symphonie de saveurs: sale’, sucre, aigre, piquant. Le corps frissonne en reaction a ces stimulants sensuels. Et longtemps, longtemps apres, la saveur et le gout restent encore comme un relent d’ambroisie—avec un arriere-gout de cacahuetes.

Je dois remercier Diep van Quy pour m’avoir fait decouvrir ce havre. Je me souviens bien de la premiere fois qu’on y est alle: un de ces jours si doux, ou tout semble bien marcher. J’ai une vision d’une conversation qui commence dans la cour entre 2nde C3, et 2ndeC4. J’ai meme une vague recollection de Minh Thuy et Tuong Vy, Minh Thuy dans sa cacacteristique jupe plissee bleue et blouse blanche (c’est vrai Leon. Parce qu’on etait ebloui en C3 ne veut pas dire qu’on ne savait pas ce qui se passait en C4). Mais enfin, la conversation resulta en la decision des garcons d’aller en bande pour voir ‘the Big Boss (Du*o*`ng So*n Da.i Huynh)" le nouveau film de Bruce Lee. Les filles n’etaient pas de la partie bien sur parce qu’en ce temps la, garcons et filles ne sortaient pas ensemble. Il y avait donc Quy comme chef d’expedition, un copain tres marrant de 2nde C4 dont je ne me souviens helas plus du nom, puis des recrues d’autres classes, comme Le Quan Minh, le guitariste qui m’emmena sur son PC (le genre de mobylette, pas l’ordinateur), et Ho Si Khuong, le fils d’un des profs.

On partit donc pour le cinema Nguyen van Hao, a la séance de 16h parce que les classes finissaient tot ce jour la. Bien sur tout le monde apprecia le film du debut de Bruce Lee. On etait vraiment emballe a la fin. On voulait discuter de ce nouveau genre de film. Ce fut peut-etre Quy qui suggera Mi Chu Hoa, un endroit inconnu pour moi, pour continuer la partie. Mais deja a ce jeune-age, je ne pouvais pas refuser un bon restaurant. Donc on se retrouva la pour feter Bruce Lee, et en fait notre jeunesse et notre amitie.

J’y retournai souvent, avec plusieurs autres amis, Nguyen Thanh Son je crois, mais surtout mon compere Pham Thanh Van. On y elaborait plans et projets, des fois pour changer le monde, mais souvent juste pour attirer l’attention de la gente feminine. On y soupirait souvent, on y riait toujours.

Le restaurant n’existe plus. La villa des Hui Bon Hoa est maintenant un musee. Le lierre a deperi sur les grilles la derniere fois que je passai a Saigon, mais dans mon esprit et dans mon ame, il y a toujours ce refuge gastronomique proletaire. Bien de moulins a vent qu’un Don Quichotte adulte chargera furent entrevus dans ce havre de l’autre cote d’une grille chargee de lierre. Avec bien-sur un arriere-gout de cacahuetes.