Dreams of a Butterfly

This blog contains materials originally intended for my school alumni -- from the Lycee Marie Curie in Saigon, Vietnam. It is by its original audience rather nostalgic and wistful, hence the butterfly, a reference to the well-known story by Zhuang Zi. The old boys and girls can sometimes, however, get quite academic and/or bawdy. The postings can be in English, French or Vietnamese. All postings are copyrighted. ALL RIGHTS RESERVED.

Sunday, June 26, 2005

Cerisiers roses et pommiers blancs

Image: FreeDigitalPhotos.net



Quand nous jouions a la marelle

Cerisiers roses et pommiers blancs.

J'aime le debut de Mars en Europe. On sent que l'hiver touche a sa fin. On sait que legalement le printemps commence au 21 du mois. On sait aussi que le printemps canonique, c'est-a-dire Paques, va etre bientot la. Mais le printemps botanique s'annonce, et en Europe, le plus magnifiquement, par les arbres en fleurs.

Il y a quelque chose de magique. Quelques semaines auparavant, c'etait les brises de fevrier. Tout etait gris, maussade, froid, venteux, humide, comme un mauvais rhume qui s'eternise. Les arbres sont rabougris, levant au ciel des branches rachitiques comme autant de maledictions. On attend le vert pour que s'adoucie cette palette triste.

Et soudain, du jour au lendemain, au coin des rues, pas de vert mais une explosion de rose. Dans certaines rues il semblait comme si quelqu'un avait soudain arrache une couverture faisant apparaitre des bosquets de couleur comme on tire un lapin d'un chapeau haut-de-forme. Et c'est rose vif, d'une couleur impossible a reconstituer avec des crayons de couleur. On en voit de rues entieres comme ca.

Mon souvenir le plus vivace est de Bonn en Allemagne ou je me trouvais une fois pour un congres. J'habitais un petit hotel, choisi pour son nom, l'hotel Mozart, dans un quartier correct mais pas trop bourgeois pres de la gare, un de ces quartiers convenables mais sans personnalite reelle qu'on trouve de l'Atlantique a l'Oural. Mais ce Mars la, mon Dieu, avec ces arbres en fleurs! Tous les jours pour une semaine, marchant dans la rue entre une toiture de fleurs, je me sentais comme dans un film de Kon Ichikawa. Il y en avait un qui s'appelait "les Soeurs Makioka," un de ces films asiatiques longs en contemplation esthetique (comme ceux de Tran Dinh Hung). On y trouve une scene extraordinaire ou les soeurs, beautes celebres de leurs temps, se promenent dans un jardin fleuri pour la fete du printemps. Les prises de vue sont les plus belles de l'histoire du cinema. Et a Bonn j'etais aux cote des soeurs Makioka.

Avec les arbres blancs, les pommiers, du fond de ma memoire remonte un trajet en train, de Geneve a Lausanne. Quelque part apres Nyon, les constructions s'eclaircissent et derriere les haies, de superbes arbres tout de blanc vetus se detachent comme autant de perles precieuses sur l'ecrin magique du lac Leman, le tout devant l'arriere-scene superbe que presente les Alpes, ou avec un soleil propice on peut distinguer le Mont Blanc. On dit que la culture c'est que qui reste quand on a tout oublie. Alors les pommiers, c'est ce qui reste quand la memoire visuelle s'est dissipee. Il n'en reste plus que ces essences en fleurs, ainsi qu'un vague souvenir de s'est bas beau mais ca fa fite (1)corse' de l'expression italienne la plus connue du monde : e pericoloso sporgersi. (2).

Ainsi, dans la chaude nuit tropicale ou les alizes caressent le peau nue, je me souviens de climats plus temperes et d'un moi beaucoup plus jeune.

Notes pour les perplexes

(1) le sigle du chemin de fer suisse, c'est SBB/CFF pour Schweizerische Bundes Bahnhof / Chemins de Fer Federaux, mais la transcription dans le texte est la plus repandue

(2) Il est dangereux de se pencher dehors. On voit ca dans tous les compartiments.

J'ai hiverne dans mon passe

Revienne le soleil de Paques

Pour rechauffer un coeur plus glace

Que les quarante de Sebaste

Apollinaire



Nhi Do Mai

Image: FreeDigitalPhotos.net



Nhị độ mai


Tình đầu một thóang mê say
Như cơn gió thỏang như mai đầu muà
Nở rầm rộ lúc giao thưà
Lã tã rơi nhẹ hê’t mùa xuân đi
Phu’t chốc đạt cảnh vô vi
Trọn đời tiếc nhơ’ bo’ng người lươ’t qua
Nay còn lại hình vơ’i ta
Xuân sang mai nở ai mà nhơ’ cho


La Petite Tonkinoise (Hanoi Accent)


La p'tite Tonkinoise

C'est moi qui suis sa petite
Son Annana, son Annana, son Annamite
Je suis vive, je suis charmante
Comme un p'tit z'oiseau qui chante

Il m'appelle sa p'tite bourgeoise
Sa Tonkiki, sa Tonkiki, sa Tonkinoise
D'autres lui font les doux yeux
Mais c'est moi qu'il aime le mieux

L'soir on cause d'un tas d'choses
Avant de se mettre au pieu
J'apprends la géographie
D'la Chine et d'la Mandchourie
Les frontières, les rivières
Le Fleuve Jaune et le Fleuve Bleu
Y a même l'Amour c'est curieux
Qu'arrose l'Empire du Milieu

C'est moi qui suis sa petite
Son Annana, son Annana, son Annamite
Je suis vive, je suis charmante
Comme un p'tit oiseau qui chante

Il m'appelle sa p'tite bourgeoise
Sa Tonkiki, sa Tonkiki, sa Tonkinoise
D'autres lui font les doux yeux
Mais c'est moi qu'il aime le mieux.

chanson francaise du debut du 20e siecle

For some reasons, most of the Northern people I know from Saigon seem to come from Ho Nai Xuan Loc (and also my neighborhood, Lang Cha Ca). I had therefore a certain idea of the Northern Vietnamese accent. When I visited Hanoi for the first time, I realized that what I knew was not the Hanoi accent at all. And I guarantee you Southern gentlemen, if you ever meet a "jeune fille de bonne famille de Hanoi," she will completely take your breath, your conscious thoughts, and whatever is left of your will power within a few minutes, just by talking.

First of all the decibel level: It will be a lot lower that what you are used too, forcing you to pay attention, Then the pauses in the speech, achieving the same result. Of course the tones, extremely musical. And there is the exquisite politeness. You see, no young lady in Hanoi would call you anh. I guess that if you look pass a certain age, they call you chu' (even though after three minutes you just want to say: "đừng gọi anh bằng chú"). And it's not the short chu like in Chú taì xế in the South. No brutal syncopatic and abrupt end. It starts as a pursing of the lips, a breath slowing blowing out, a little sshhh round rising, then finally the long chuuuuuu, quavering in semi-tones, and slowly declining in volume until it disappears like a whiff of smoke. Gentlemen, after three chu' like that, you lose control of your limbs...


Sunday, June 19, 2005

Le Plaisir des Romans Chinois

Aux enfants de mes amis, puissent-ils y trouver le meme plaisir que moi

Par romans chinois, je ne parle pas des romans recents de cape et d'epee du genre Kim Dung, l'equivalent du "polar" occidental. Je parle plutot du " truye^.n ta`u," genre traditionnel beaucoup plus ancien qui regroupe des oeuvres tres connues comme le Tam Quo^'c Chi', le Ta^y Du Ky', ou le Thuy? Hu?, en passant par le gros volume du Do^ng Cha^u Lie^.t Quo^'c, et d'autres peut-etre bien moins connues mais tout aussi passionnantes comme Tie^'t Nho*n Quy' Chinh Do^ng, Tie^'t Dinh San Chinh Ta^y.

Ces noms ne peuvent qu'evoquer une recollection immediate des lecteurs familiers avec le theatre traditionnel, que ce soit ha't bo^.i, ca?i lu*o*ng, ou ho^` qua?ng. En effet le theatre prend son inspiration de cette litterature populaire d'origine chinoise. Si bien que pour vraiment apprecier le theatre, il faut avoir une familiarite avec cette litterature. Quand le ministre virtueux Ye^'n Anh, le juge/detective Bao Co^ng, ou le mauvais roi Tru. Vu*o*ng apparait sur scene, il est bon de savoir l'histoire et la periode historique dans lequel le personnage evolue pour vraiment apprecier la piece.

Car les romans chinois sont surtout des romans historiques. Comme les romans d'Alexandre Dumas pere, ils sont sans pareil pour evoquer une periode de l'histoire millenaire de la Chine. Apres la lecture d'un certain nombre d'ouvrages on commence a saisir l'evolution de cette grande civilisation. On peut commencer par le Phong Tha^`n, recreation mythique de l'etablissement de la dynastie des Cha^u, quand les feodaux coalises se liguerent contre l'archetype du mauvais souverain Tru Vuong et sa concubine ehontee -Da('c Ky?. On peut passer par le Phong Kie^'m Xua^n Thu, ou les armees de Qin Shi Huang (Ta^`n Thu?y Hoa`ng) se lancerent a la conquete de la Chine, ecrasant les etats rivaux pour etablir le premier Empire (il y a meme un caractere a la Obi Wan Kenobi de Star Wars qui essaie d'arreter la marche irresistible de l'empire: To^n Ta^?n). Apres cela on peut suivre les fortunes de Lu*u Bang et Ha.ng Vo? dans le Ha'n So*? Tranh Hu`ng quand sur les ruines de l'Empire Qin ils lutterent a mort pour en recueillir l'heritage--qui sera la grande dynastie des Han. L'histoire se poursuit alors avec le fameux Tam Quoc, qui decrit le siecle de troubles qui vit la destruction de l'empire des Han puis la grandeur et decadence des trois royaumes heritiers.

Pour le jeune lecteur ces romans sont irresistibles Ces romans sont avant tout des epopees. Une lecture evoque des scenes a la Kurosawa ou des armees immenses en armures et chariots se confrontent a travers monts et plaines de la Chine antique. On emploie toutes sortes d'armements, meme magiques: epes enchantees, charmes, fleches magiques, demons qui apparaissent a souhait, tout est la pour enchanter le jeune lecteur. On voit aussi des heros bien campes, des generaux superbes comme Ha`n Ti'n, Quan Co^ng, des strateges fins comme Kho^?ng Minh ou Khu*o*ng Tu*? Nha, des ministres inte`gres comme Qua?n Tro.ng ou Ye^'n Anh. Yoda et Luke Skywalker palent en comparaison. Il y a aussi les caracteres feminins inoubliables: Pha`n Le^ Hue^ la conquerante, Die^u Thuye^`n la mata-hari du Tam Quoc, a cote des "mauvaises": Bao Ti? et Da('c Ky?, les deux destructrices d'empire.

Et pour les adultes, il y a les lecons de morale discretes, les complots et statagemes, les conflits ethiques. Faut-il laisser Tao Thao s'echapper? Faut-il rejoindre la rebellion contre l'empereur? On peut trouver aussi des lecons d' economie politique. Par exemple, quand Quan Trong decida de taxer les etablissement de boisson et les lieux de plaisir du Duche de Te^`. Cette politique entraina une hausse de recettes fiscales si considerable que cela permit a Te de s'imposer comme l'etat hegemon de la Chine. Le Duc de Te, Te^` Hoa`n Co^ng. devient le premier ba' (hegemon), le primus inter pares des feodaux chinois. Je pense a Quan Trong chaque fois que j'entend parler d'un projet de casino.

Pour ce genre de recits didactiques, rien ne surpasse le Dong Chau Liet Quoc et heureuses soient les familles ou le rejeton s'interesserait a ce gros tome: il ou elle y recevra une education morale sans pareil. En effet, le DCLQ est en occurence un roman historique, mais c'est en realite une compilation de recits historiques tels qu'on en trouvait dans les grands classiques de la periode confuceenne comme les Trung Dung, Lua^.n Ngu*~, Xua^n Thu et meme le Trang Tu*?, On y trouve des bribes du Ha^.u Ha'n Thu*, du Ha`n Phi Tu*? et surtout du Ta? Truye^.n (sorte de Tacite ou de Suetone chinois). Le recit s'articule autour de paraboles, c'est a dire de petites histoires comme on en trouve dans l'Evangile. En voici une:

Le Roi de So*? a perdu son arc precieux durant la chasse. Il en est desole. Son premier ministre le connsole: "votre majeste a perdu un tresor; quelqu'un parmi votre peuple trouvera pour cette raison un tresor, pourquoi en etes-vous desole (le bonheur du peuple devrant etre la preoccupation principale du souverain)?"

Ou bien l’histoire du vieil homme et de la montagne:

Ngu*u Co^ng (Monsieur Buffle--pour donner toute la saveur en francais, il faudrait l'appeler M. Mule parce que tetu) vit devant une montagne qui lui rend la vie tres penible. Un jour il proclame: "J'en ai marre de cette montagne, je la deplacerai." Tout le monde en rit. Mais M. Mule explique: "je vais transporter cette montagne caillou par caillou, brouette par brouette. Je mourrai avant la fin de la tache; mais apres moi, mes enfants, mes petit-enfants, mes descendants continueront mon travail, et on verra bien. Et apres plusieurs generations, effectivement la montagne fut applanie.

Si vous connaissez l'histoire chinoise du 20eme siecle, cette parabole devrait etre familiere. C'est en effet la legende chinoise favorite de Mao Tse Toung qui l'a repetee plusieurs fois dans maintes interviews. Souvenez-vous aussi que la Grande Muraille de Chine a ete construise a la main.

Et tant d'autres histoires: Ta^y Thi ("ga'i nu*o*'c Vie^.t") et Pha.m La~i, To^n Vo~ Tu*? et Ngo^ Kho*?i (auteurs des classiques "Art de la Guerre"), Ba' Ly' He^`, Ngu~ Tu*? Tu* toute une galerie de caracteres de hat boi. Et certains vraiment picaresques comme dans l'histoire de la paternite de Ta^`n Thu?y Ho`ang.

La mere de Tan Thuy Hoang, la reine de Qin (Ta^`n), avait un amant, le premier ministre La~ Ba^'t Vi. Mais elle etait nymphomaniaque. Pour la controler il lui trouva un paramour, un nomme Lao~ A'i (litteralement Old Mr. Love) individu de basse naissance fameux pour les proportions chevalines de certains organes. Et c'est ainsi que La Bat Vi controla tout le royaume de Tan par l'intermediaire de la reine qui controlait a son tour le roi.

On ne peut que sourire en pensant a l'hostilite de la classe des lettre's, auteurs de la litterature chinoise, envers Tan Thuy Hoang, connu pour son massacre des lettre's et son auto-da-fe des classiques confuceens. Un assassinat par la plume pour la posterite la` ou` Kinh Kha a echoue dans sa tentative d'assassinat par l'epee?

Pour trouver quelque chose de semblable dans les litteratures occidentales il faut aller loin, tres loin en arriere, dans la literature..latine. En effet le livre le plus similaire serait l'Histoire de Rome de Tite-Live (Titus Livius, en anglais Livy). Tite-Live a ce meme genre d'histoires a caractere didactique:

Un jour, un chasme s'ouvra dans le Forum (le Forum romain, pas topica). Les Romains en furent tres effrayes. Ils consulterent les augures. La reponse, obscure bien sur, est que le chasme se refermera si Rome (republicaine en ce temps-la) y jette en offrande ce qu'elle a de plus precieux. Cet equestrien (classe intermediaire a Rome entre les senateurs et les plebeiens), je ne rappelle plus de son nom, reflechit puis rentra chez lui, mit sa plus belle armure, monta sur son plus beau destrier et se jeta dans le chasme qui se referma avec un fracas. La morale de l'histoire: ce que Rome a de plus precieux c'est un citoyen bien ne, pres a se sacrifier pour le peuple et le Senat (SPQR) de Rome. Les republicains font la grandeur de la Republique (et les conquetes de l'empire).

Le Dong Chau Liet Quoc vise a des memes fins, mais au lieu de republicains, il vise a former des confuceens prets a se devouer au peuple et au souverain. On ne trouve pas mieux comme literature juvenile.


Thursday, June 16, 2005

What is this insect business?

If you are curious about the title of this blog, please check out this link
http://www.chinapage.com/story/butterfly.html

Wednesday, June 15, 2005

Poete sur la Montagne



"Poete sur la Montagne" Chen Zhou 1427-1509 Dynastie Ming

Je viens de trouver cette peinture que j'aime beaucoup (une affinite peut-etre?)

Un ami m'a aussi juste envoye un poeme de SHAN SA, jeune ecrivain, chinoise arrivee a 20 ans en France et devenue romanciere a succes depuis.



En reve ,

J 'ai vu mon pays natal
Les fleuves alanguis
Les oiseaux fugaces
Les rizieres vertes
Les champs de filaos
Les hautes montagnes
Esquifs echoues
Sur un ocean de nuages
Oiseaux migrateurs
Ou`allez vous ?

Le vent du Nord
Fait sangloter les roseaux
Est-ce le chant de mon pays
Qui appelle ses ames errantes ?

Prends soin de ce corps
Trois mille ans l' ont habite
Il te conduit
Vaisseau large
De la riviere a la mer
De la mort a la renaissance
Le vent vif et le glaive rapide
Sont les seuls benedictions
De mes aieux

Il suffit de m' appeler
Par mon nom d' origine

Shan Sa

Sunday, June 12, 2005



Night trip by boat at Red Cliff. Painting by Fu Baoshi

This was obviously inspired by the Ode to Red Cliff by Su Tongpo

Monday, June 06, 2005

Amis d'Antan


Ils etaient, elle et lui, camarades de lycee
Quand de jeunesse, les marronniers bourgeonnaient
Et de promesse, le monde entier scintillait.


Vers l'avenir,
Ils dirigeaient leurs fronts lisses et sereins.
Un monde nouveau, ils voulaient en faire,
Jeunes lyceens, au regard franc et au visage clair.

Des lendemains qui chantent,
Des gens qui dansent
Autour de tables croulant sous l'abondance.
Des continents sans frontieres,
Un pays sans guerre.
Ils feraient disparaitre souffrance et misere,
Comme on bifferait des facteurs communs
Dans leurs classes de maths, tot le matin.

L'algebre, ils le connaissaient bien,
Detresse et haine, ils n'en savaient rien.
Mais faim, violence, division et honte
Les attendaient, au bout de l'horizon.

Jeunes lyceens, au regard franc et visage clair
Passionnes de semer du bonheur sur la Terre,
Se hatant vers le futur, coeurs chevaleresques
Ils oublierent de s'aimer, en toute tendresse.



Yasunari Kawatunglam

copyright 2004 All rights reserved

Trung Thu kieu Lý Bach


Trung Thu kiểu Lý Bạch

Bến nhỏ tạm dừng người lữ khách
Hương thơm trà dậm gợi Trung Thu
Hởi người chưa quen mà đã nhớ
Cùng ta nâng chén vớt ánh trăng


L'altruisme peut-il etre desinteresse?

L'altruisme peut se definir comme la volonte d'aider les autres. C'est la base des actions des organismes d'interventions humanitaires. Les oeuvres caritatives, que ce soit d'aide humanitaire ou medicale, soutient au refugies, aide a l'enfance, se prevalent tous de cette valeur commune. Il y trouvent leur raison d'etre. Mais cette volonte d'aider l'autre est-elle bien desinteressee? Est-ce-qu'on ne cherche pas de s'aider soi-meme?

Les philosophes ce sont penches sur ce sujet au travers des siecles. Kant postulait que l'action, pour se prevaloir d'un qualificatif de "morale" doit obeir a des imperatifs categoriques. Aider l'autre, pour etre moral veut dire qu'il n'y a pas d'expectations de reciprocite ou d'avantages pour l'acteur. Platon offre neammoins une vue plus nuancee. Son mythe de l'observateur invisible introduit des doutes. Platon pose la question: la base de la conduite morale ne provienne t'elle pas de la conscience d'un observateur invisible? Et si l'acteur avait conscience que sa conduite n'est plus observee, conserverait t'il(elle) encore la meme action? On voit ici, bien sur, la problematique de Dieu, et on comprend l'influence de la pensee neo-platonicienne sur le Christianisme.

Mais dans le monde phenomenologique, le test de Kant est-il fiable? Par example, pourrait t'on avoir des promoteurs d'hopitaux particuliers a profit dans des pays en voie de developpement? La recherche du profit n'est t'elle pas a priori un facteur negativant l'imperatif categorique de l'aide a l'autre? Marx a eu une reponse simple pour le probleme: tout est economique. Donc l'imperarif categorique peut ou ne peut pas exister, mais le fait crucial c'est l'Homo economicus. Il faut accepter que toute activite humaine a des fondations economiques et donc s'il-y-a a une ontradiction entre le fait economique et l'action morale, c'est Kant qui a eu tort de poser la problematique de cette facon.

Il faut dire aussi que le profit peut etre plus qu'economique. Il y a par exemple la satifaction psychologique des acteurs. La psychanalyse pourrait eclaircir les motivations des grandes figures d'actions humanitaires. Pasteur voulait-il plaire a sa mere? Les professionnels de Medecins sans frontieres aiment t-ils tous l'humanite ou bien est-il mieux de sauver des enfants afghans que de faire de la dermatologie a Sarcelles? L'intervention humanitaire donne tout-de-meme lieu a de meilleures conversations de café et est vraiment plus attirant pour le sexe oppose (ou le meme sexe suivant les orientations). On ne peut le savoir: les interventions psychanalytiques sont et doivent rester prives. Il y a neammoins quelque chose de troublant dans les modes du jour pour les interventions humanitaires. Tel ou tel projet -- ces temps-ci l'Irak, l'Afghanistan, le SRAS, le tsunami -- est bien plus "sexy", a defaut d'un meilleur terme, que d'autres, par exemple lAfrique dont l'aide est victime d'un enorme effet d'aspirateur vers l'Irak.

La presse est responsable aussi. Le "quart-etat" joue dans le monde contemporain le role de l'observateur platonicien. Avec les journalistes "embedded", les medias ont invente ou reinvente le concept du narcissisme de masse. Tout doit ce faire pour apparaitre de bonne maniere au journal televise du soir, ou encore mieux a la CNN (les grands quotidiens ne sont pas mal mais pas vraiment necessaires). C'est instructif de voir la difference entre la ruee des ONGs vers l'Irak et le manque d'interet sur la famine qui se developpe au Madagascar. Mais a Tananarive il n'y a pas d'embedded.

Il y a en physique le Principe dincertitude. Selon ce principle, au niveau de la physique quantique, l'observation d'un phenomene entraine en-soi la modification du phenomene. Meme chose pour le fait social. Il est peut-etre impossible d'etudier empiriquement la question de l'altruisme. Bien de repondants a un questionnaires auront vraisemblablement des problemes a exposer en detail leurs arriere-pensees en public.

Mais il y a un autre principe scientifique, en informatique cette fois. C'est le test de Turing qui sert a definir l'intelligence artificielle. Selon Turing une machine est intelligente, au sens informatique du mot, si un observeur ne peut pas determiner la difference entre les resultats d'un processus informatique de la machine et celui d'un operateur humain. Ce principe, si anglo-saxon avec sa dominante pragmatique, peut etre utilise dans l'etude de l'altruisme. Une action est donc morale si un observateur ne peut determiner la difference entre cette action et celle d'une personne vraiment ethique(reste a definir quelle serait ce referend ethique).

La problematique de l'altruisme re resume. On peut postuler a priori l'existence d'interets dautres que ceux des beneficiaires. Cela va de soi. Mais l'important est la consequence de l'action, pas les motivations de l'acteur. L'affame du Sahel qui recoit de la nourriture n'a pas le luxe de s'interroger sur les motivations du bailleur de fonds. La responsabilite en revient a d'autres.

Le pragmatisme anglo-saxon peut servir. La doctrine jurisprudentielle americaine par exemple ne postule pas necessairement un etre humain bon. Le droit americain de cherche pas toujours a forcer a agir de maniere juste. Il vise a la transparence. La doctrine derrriere le droit des securites boursieres par exemple, ne vise pas a creer des capitaines du capitalisme virtueux; elle vise a proteger le public en forcant ces capitaines a avouer leur motivation, au moins a la Security Exchange Commission. Le grand crime des officiels d'Enron, ce n'est pas qu'ils ont fait de grandes manoeuvres dans la marche de l'energie, c'est qu'ils ont menti dans leur comptabilite. De meme dans les actions humanitaires, on devrait cesser de condamner les arriere-pensees. L'accent doit etre sur la "disclosure", comme disent les americains. Le public, la presse, etc. pouraient contribuer a ce resultat.

Et tout ca, pour l'ultime objectif de guerir le malade, de panser le blesse, de nourrir l'affame, de rechauffer le transi de froid. Pour que cesse la degradation de la femme et de l'enfant par la misere et la faim.


Sunday, June 05, 2005

La Gloire de Mon Copain

(l'epreuve de natation 74)

Une foule se presse sur les gradins.

A vos marques, prêt, partez! crie Vatin

Du coup les jeunes garcons s'elancent,

Et l'epreuve de natation commence.

C'etait pour le BAC cet exercice sportif;

Mais pas pour tous: c'etait facultatif.

Dans la piscine tel des dauphins,

Les adolescents se deplacent bien d'entrain.

Quand soudain que voit-on a la surface?

Un objet bizarre, un peu cocasse;

Car que peut faire dans la piscine une culotte

Sans un nageur dedans, parmi toute cette flotte?

Car cela veut dire qu'en regardant ces inconnus,

La foule peut en deviner un qui est tout nu,

Qui sans s'arreter presse son avantage,

Hydrodynamique pour ne pas dire davantage.

Sentant quelque chose d'extraordinaire,

La foule en devient folle sans plus se taire,

Mark Spitz criait-on, c'est fantastique!

Car c'etait a peine deux ans après Munich.

Quel etait des jeux d'Olympe cet idole?

Qui, delaissant la pudeur, rendait les filles folles.

A l'arrivee un nageur du groupe se detache,

Et revient pour chercher cet etoffe qui cache.

Le genre femelle est maintenant hors controle

Et demande le nom de leur nouvelle idole.

C'etait nul autre que notre copain D... dit De^

Maintenant plus fameux que Johnny Halliday.

Dont la gloire pour toujours va s'etablir,

Jusqu'a la fin des temps sans ferir.

Et dans les veillees plus tard au coin du feu,

Les vieilles le soir en soupiront parmi eux.

Et se souviendront ces dames bien contentes,

Du jour de gloire de la Maree Montante.


Les Falaises Rouges (1)


Au beotien, qui aime ce genre de choses

Un cher ami m'a recemment dit (serieusement?) que j'ecrivais comme Alexandre Dumas et Tolstoy. Cela m'a plu bien su^r quoique j'en suis un peu surpris etant dit que mes recents ecrits sont plutot du genre romanesque ou lyrique. Mais pour meriter mon compliment et changer de registre, j'ai ecrit un long essai sur la bataille des Falaises Rouges du Tam Quoc. Cela correspondrait aussi peut-etre au desir (non-exprime en public) de HiDuc de voir plus sur des sujets de "defense." Donc on verra si je peux evoquer l'epique a la Tolstoy. Comme Dumas, neammoins, je vais poster l'article en feuilletons, car il est plutot long. Comme George Lucas, le createur des Star Wars, je ne vais pas suivre l'ordre chronologique.

Les quatre parties de l'article sont

1: Les Falaises rouges

2. Le ponton

3. L'affrontement

4. La fuite de Tao Thao

J'ai deja ecrit tous les quatre. Je vais maintenant poster les episodes 1 et 4. La semaine prochaine je vais poster l'episode 2, puis la semaine suivante l' episode 3 (l'actuelle bataille). Comme ca je ne fatiguerais pas les lecteurs par un seul trop long posting.

Si je recois des reactions positives, je ferais peut-etre un postscript sur les Falaises rouges et To^ Do^ng Pha.

Les Falaises Rouges

L'armee du Nord est en marche. Ayant vaincu Vie^n Thie^.u, son grand rival mandchourien et execute La~ Bo^', le plus grand general de ce temps, Ta`o Tha'o s'apprete a conquerir l'empire tout entier. Un seul grand rival: To^n Quye^`n, le seigneur des Ngo^, au sud du Yang Tze Kiang. Tao Thao veut en finir une fois pour toute.

C'est une armee magnifique, enorme et bien equippee. Fantassins lourds, archers avec des reserves inexhaustibles de fleches, cavalerie innombrable , chariots de guerre, auxiliaires mongols et mandchous. Des centaines de milliers d'hommes. Ils auraient tout balaye dans la plaine de la Chine centrale ou dans la steppe. Mais ils vont buter sur l'obstacle geographique majeur de la Chine, Le Grand Fleuve: le Yang Tze. Et malheureusement, comme Napoleon avec la Grande Armee au Camp de Boulogne se sachant pas comment envahir l'Angleterre, Tao Thao va realiser qu'il lui manque une marine.

De l'autre cote, Ton Quyen a une marine, une grande flotte de barques, de jonques de guerre, d'embarcations de tout genre. Ses troupes sont entrainees pour les operations amphibies, pouvant se battre sur la terre ferme aussi bien que sur des navires. Elles sont aussi adeptes a ce que les modernes appelleraient les operations speciales. En termes contemporains, pour decrire les forces en presences, on dirait divisions blindees d'un cote contre marines et commandos de l'autre. Le titre du connetable de Ton Quyen montre aussi l'importance de la marine. Le chef des armees de Ngo est l'Amiral (De^` Do^'c) Chu Du (Dzu pour les tonkinois).

L'endroit ou Tao Thao se trouve est une section bordee de falaises de gres. Les falaises sont coupees de chemins qui conduisent a une plage, un peu comme Omaha Beach. L'enorme armee nordiste s'installe sur une vingtaine de kilometres, une vue saisissante de l'autre cote, mais reduisant considerablement la possibilite de manoeuvre. Les falaises ont un aspect rouge, ce qui donne a l'endroit son nom. Le nom en francais ne veut pas dire grand chose mais en chinois ou en vietnamien c'est peut-etre un des noms les plus evocatifs: Xi'ch Bi'ch. L'affrontement qui va suivre est la bataille pivotale du roman des Trois Royaumes , et par le biais du roman, probablement la plus fameuse des batailles de l'histoire de Chine.

Comme Mao Tse Toung dix-sept siecles plus tard, Tao Thao se retrouve sur cette douve naturelle de cinq kilometres de large. Les forces communistes feront un debarquement. Tao Thao lui, reagit comme Xerxes (roi de Perse envahissant la Grece) franchissant les Dardanelles. Comme Xerxes il construira un ponton.

Entretemps une petite troupe de soldats arrive au campement de Chu Du pour se mettre a ses ordres. Le groupe est dirige par trois freres a l'apparence de baroudeurs: Lu*u Bi., Quan Co^ng et Tru*o*ng Phi. Ils prennent leurs instructions de leur stratege, un jeune lettre imberbe dans sa vingtaine qui fera beaucoup parler de lui. Il s'appelle Kho^?ng Minh.

Les Falaises Rouges (2) Le Ponton

Le Ponton

Tao Thao a le sens de la grandeur. Il veut un grand ponton, un enorme ponton. Il ne veut pas d'un pont pour passer d'une rive a l'autre. Il veut quelque chose qui fasse oublier a ses soldats qu'ils ne sont plus sur la terre ferme.Le ponton doit etre camoufle avec de la verdure, des cabanes, des bosquets, le tout sur un support de milliers de barques amarrees par des chaines de fer. Il faut attendre le debarquement de Normandie en Occident pour voir des realisations de ce genre.

Premierement la main d'oeuvre. Conscription et force sont utilisees pour forcer paysans et pecheurs de la rive nord du Yang Tze a la tache monumentale. Puis les materiaux. Des forets entieres sont deboisees pour le bois requis pour les barques et les charpentes. Ce materiau est malheureusement, on verra plus tard, combustible.

On se met a l'oeuvre. Un grand chantier s'ouvre. Des dizaines de milliers d'ouvriers. Les troupes du genie dirigent les operations. Le chantier prend un aspect de ville. Les ouvriers et soldats doivent manger. Les victuailles affluent. Un peuple considerable de non-combattants s'installe. Les tenanciers arrivent avec leurs barriques d'alcool de riz, les mama-sans avec leurs contingents de demoiselles plus ou moins fraiches pour alimenter la version chinoise des BMC. Les troupes se reposent, sur de leur superiorite numerique. On ne peut pas aller au Sud mais les Ngo n'oseront jamais passer au Nord! se dit t'on.

Les munitions affluent; on ne sait trop que faire de tant de fleches. On commence a tirer sur n'importe quoi, au moindre mouvement, juste pour rire. La discipline se relache un peu. Les semaines passent, puis les mois. La construction avance. Pour preserver les acquis, Tao Thao decide que le ponton sera defendu en permanence et y poste une forte garnison qui augmente avec la superficie de la construction. Il y a vraiment baucoup de monde et pas d'espace mais on s'y fait, bien que ca devient penible dans la chaleur de l'ete torride.

Chu Du pendant ce temps semble ne rien faire. De temps a autre la nuit il y a des mouvements sur le fleuve, qui sont accueillis par des nuees de fleches. En realite, ces mouvements sont des barques remplies de foin, poussees par des nageurs dans le fleuve.. Les fleches s'enfoncent dans le foin et sont recuperees. C'est la premiere idee que Khong Minh a contribuee. Cela permet a Chu Du de s'equipper en missiles au frais de la metropole.

Chu Du envoit aussi des "deserteurs" de temps en temps qui racontent comment l'armee Ngo est demoralisee, en pleine revolte ou presque en retraite. Cette information passe dans les troupes, qui deviennent de plus en plus contentes de leur sort. A defaut d'un miracle ou d'une arme secrete, Ngo est fini, et certainement quand le ponton atteindra l'autre rive. Mais la victoire semble certaine et l'empire va tomber a coup sur dans les mains de Tao Thao.

Les Falaises Rouges (3) L'Affrontement

L' Affrontement

Chu Du devoile l'arme secrete des Ngo: la meteo.

Il faut que tout soit parfait. Un nuit sans lune pour occulter l'approche de l'attaque. Au moins sept jours sans pluie (plus une autre durant l'attaque) pour que tout soit bien sec. Et un grand vent du Sud.

Le Tam Quoc raconte que c'est Khong Minh qui a dechaine le vent de Xich Bich par des formules cabalistiques. Cela montre deux choses: l'imagination populaire qui preterait des pouvoirs magiques a Khong Minh et aussi l'importance de ce vent du Sud dans la bataille.

Un David Lean ou Stanley Kubrick aurait donne justice a ce qui va suivre.

On a donc une nuit d'encre. Les sentinelles assoupies regardent le grand fleuve. Rien ne va se passer cette nuit avec ce vent hurlant. Les troupes se terrent dans leurs tentes. Les animaux fremissent, nerveux.

Soudain. une lueur dans la nuit. Puis deux, puis une centaine, puis des milliers. Comme des pleiades, les lueurs montent lentement vers les cieux, semblent s'arreter, puis redescendent en gagnant de vitesse. Les sentinelles regardent ces etoiles filantes avec fascination puis horreur, leurs cris d'epouvante interrompus par l'arrivee des missiles meurtriers: des fleches enflammees. Les fleches nordistes gaspillees dans des tirs sur des cibles fantomes sur le fleuve sont revenus.

On imagine la scene. Le sommeil interrompu suivi par la mort; les soldats a demi-vetus sortant en courant de leurs tente; les prostituees rejetees en pleine passe et se sauvant en hurlant; les officiers sans armures criant des ordres que personne ne semble comprendre; les cheveaux cabrant et hennissant. Puis un morceau de tente qui prend feu, puis un autre. Le vent ravive tout ca. C'est la conflagration. Et le vent qui hurle sans interruption, emportant les embruns d'une tente a l'autre, vers la paille des cheveaux, vers le riz des chariots de ravitaillement parques par centaines les uns pres des autres.

Du fleuve monte un vacarme de tambours, de cymbales et des cris. Plus loin d'autres cris, des hurlements et des gemissements. Les troupes Ngo debarquent en de nombreux endroits. La confusion regne. Les troupes courent vers un endroit. Puis refoulent en vue de combats. L'enorme armee enfermee par les falaises et le fleuve se meut, se rechine, et se pietine. Beaucoup plus mourront pietines cette nuit qu'occis par les glaives Ngo.

Un mot commence sur les levres: trahison. La discipline disparait. C'est le sauve-qui-peut. Une nuee noire commence a affluer vers les passages a travers les falaises, Du fleuve, les missiles ne cessent d'arriver sur cette masse hurlante. Il n'y a plus d'armee, seulement une emeute. Des amis s'egorgent pour echapper. Les chevaux, paniques s'echappent de leurs enclos et renversent tout sur leur passage. Un chariot s'ecroule coincant des dizaines de gens. Le riz de centaines de milliers commence a fumer, repandant une odeur obscene de restaurant. Et le vent ne cesse de hurler. Le desastre est eclaire par l'incendie monstre comme une vision d'enfer, offrant des cibles claires aux archers Ngo.

Tao Thao sort de sa tente. Un seul coup d'oeil et il comprend. Il est trop fin joueur d'echec pour ne pas savoir qu'il a perdu la partie. "Je rentre a la capitale, trouve moi un cheval" dit-il a son chambellan.


Les Falaises Rouges (4) la Fuite de Tao Thao

Comme Napoleon abandonnant la Grande Armee a la Berezina, Tao Thao s'enfuit.

Maintenant ve se passer l'un des episodes les plus fameux de l'histoire de la Chine. Le chemin que prit Tao Thao en fuite est un petit chemin, practicable seulement pour un petit groupe; Tao Thao est donc pratiquement sans defense contre une attaque. Le nom du chemin: Hue^ Dung -Da.o, Chemin de la misericorde. C'est bien nomme.

Car Khong Minh, le genie tactique, a devine le plan de fuite. A Hue Dung Dao, il place le Chevalier sans peur et sans reproche de ce temps: Quan Cong. Celui-ci un un general habile, et a cette epoque, apres la mort de La Bo, sans rival. Sur l'ordre de Khong Minh, il est la avec une troupe pour cueillir Tao Thao comme un fruit mur.

Le petit groupe de Tao Thao est arrete. Tao Thao epouvante, reconnait Quan Cong. Se resaisissant il commence a palabrer. Il rappelle a Quan Cong comment celui ci a ete traite quand il ravaillait pout lui. "Thu*o*.ng ma~ de^` kim, ha. ma~ de^` nga^n." : un plateau rempli d'or chaque fois que Quan Cong part en campagne, un plateau rempli d'argent chaque fois qu'il retourne. Bref, Tao Tao sait comment traiter ses subordonnes. Et ce n'etait qu'une petite portion des faveurs, titres, armures, recompensenses et autres octroyes a Quan Cong (celui-ci laissa tout tomber pout rejoindre son frere Luu Bi).

Emu, Quan Cong flechit. Il laisse passer Tao Thao.

C'est une enorme bevue strategique. Un general pour des raisons personnelles desobeit a un ordre direct et laisse echapper l'ennemi public numero un. L'equivalent serait un general americain capturant puis laissant partir Saddam Hussein. Mais la memoire populaire glorifiera Quan Cong pour ce geste.

Entretemps, Luu Bi execute l'autre partie du plan de Khong Minh. Luu Bi a ete envoye par Chu Du pour attaquer les troupes nordistes de flanc. Il fera ca convenablement, mais aussitot qu'il realise l'issue de la bataille, il rappelle ses troupes, abandonne le combat, et part a toute vitesse pour la citadelle de Kinh Cha^u a un jour de marche. Celle-ci se rend sans trop de problemes. Luu Bi s'installe et se fortifie a Kinh Chau.

Un jour apres, les troupes Ngo victorieuses arrivent pour occuper la citadelle. Luu Bi les accueille en temps que seigneur de Kinh Chau, et non plus comme auxiliaire Ngo. Les troupes Ngo fatiguees ne veulent plus faire la bataille. Et Luu Bi se retrouve seigneur de la plaque tournante de la Chine, au nord du Yang Tze, donc fortifiee contre Ton Quyen, mais loin de la capitale, donc a l'abris de Tao Thao affaibli.

Khong Minh a gagne son pari. Il y a maintenant trois grands partis pour le Grand Jeu de l'empire. Les trois pieds de l'urne; "the^' cha^n va.c." La Chine est prete pour les trois royaumes.

Les Falaises Rouges (5) Epilogue Litteraire

La bataille des Falaises Rouges est peut-etre la bataille la plus connue de l'histoire de Chine. A cause bien sur du roman des Trois Royaumes, le plus connu et aime des romans chinois. Mais pour les lettre's, elle est aussi connue parce qu'elle est l'inspiration d'un des plus fameux poemes de la litterature chinoise, le poeme Nie^.m no^ kie^`u -- Da.i giang do^ng khu*' ou Xi'ch Bi'ch Hoa`i Co^? (Elegie devant les falaises rouges) de Su Tongpo (To^ Do^ng Pha), un grand poete de la dynastie des Song (To^'ng).

Su Tongpo fit une promenade en barque la nuit et passa devant le site de la grande bataille. Emu il composa ce poeme-phare, un chef-d'oeuvre classe' parmis les plus grands poemes chinois (comme Tu*o*ng ke^' tu*?u, ou (grace a Kim Dung) Hie^.p kha'ch ha`nh)

J'ai trouve une version anglaise sur Internet que j'ai un peu corrigee

At Red Cliffs

The Yangtze flows east
Washing away
A thousand ages of great men
West of the ramparts --
People say --
Are the fabled Red Cliffs of the Three Kingdoms
Rebellious rocks pierce the sky
Frightening waves rip the bank
The backwash churns vast snowy swells --
River and mountains like a painting
how many heroes passed them, once ...

Think back to those years, Chou Yu --
Just married to the younger Chiao --
Brave, brilliant
With plumed fan, silk kerchief
Laughed and talked
While masts and oars vanished to flying ash and smoke!
I roam through ancient realms
Absurdly moved
Turn gray too soon --
A man's life passes like a dream --
Pour out a cup then, to the river, and the moon


En francais (la traduction est la mienne)

Devant les Falaises rouges

La Grande Riviere coule vers l'Orient
Et efface toute trace des myriades d' ages
De titans d'autrefois
A l'Ouest des ramparts
Se trouvent on le dit
Les Falaises Rouges des Trois Royaumes
Des rochers rebelles percent le ciel
Des vagues effrayantes erodent la rive
Les tourbillons surgissent en ecume de neige
Le fleuve et les monts sont comme un tableau
Combien de heros passerent ici jadis

Imagine ces temps-la, ou` Chu Du
Recemment marie a la jeune Kieu
Brave, brillant
Eventail de plumes et mouchoir de soie
Riait et parlait
Quand mats et rames disparaissaient dans les cendres et la tourmente
Je passe a travers ces sites antiques
Absurdement emu
Les cheveux trop tot gris
Une vie passe comme un songe
Buvons a la sante du fleuve et de la lune.


To^ Xe Lu*?a (thi si~ -do*`i Ha^.u Ngu.y)


Complot au Sichuan

Tam Quoc (6) Complot au Sichuan

Apres la bataille de Xich Bich, Luu Bi se retrouve maitre de Kinh Chau, plaque tournante de la Chine, entre Tao Thao au Nord et Ton Quyen a l'Est. Mai ce n'est qu'une petite province. Quel serait le plan d'expansion? En effet Khong Minh voit grand. Sa vision englobe l'empire tout entier, non juste une province. La reponse est a l'Ouest, les vastes terres du bassin du Sichuan (Tu*' Xuye^n), dont le nom ancien Shu (Thu.c) deviendra pour toujours associe avec la saga de Luu Bi et Khong Minh.

Le Sichuan (capitale Chengdu - Tha`nh -Do^) est un bassin enorme et tres peuple. Irrigue par quatre grandes rivieres, ce qui lui donne son nom, il est fertile, mais d'acces difficile. Il y a deux voies d'acces de la Chine centrale. La premiere passe par des chemins de montagne perilleux: hauts cols, mauvaises routes, tout pour retarder une armee.

La deuxieme voie d'acces est pire. Il faut remonter le Yangtze, et traverser ce Charybde et Scilla chinois, les Trois Gorges, ces memes gorges ou la Chine construit aujourd;hui un enorme barrage. Mais dans le temps, pour remonter le fleuve au courant tres rapide, il n'y avait qu'un seul moyen: le halage humain. Pour chaque jonque il fallait des dizaines de coolies et de bateliers loqueteux tirant sur des cordes enormes le long d'un chemin de halage etroit et perilleux. Un faux pas et c'est la mort. Le moindre progres se paie a vies d'hommes.

Le Sichuan est donc depuis toujours une forteresse naturelle. Ce dont Chang Kai Shek s'est souvenu pendant la lutte contre les japonais dans la Seconde Guerre Mondiale, evacuant le gouvernement Kuomintang de Nanking a Chunking (Tru`ng Kha'nh) dans le Sichuan. Les montagnes entourant le Sichuan sont aussi impitoyables et meurtrieres, comme Mao Zedong en a fait l'experience pendant la Longue Marche dans les annees 30, quand l'Armee Rouge dans sa grande retraite traversa ces terrains avant d'atteindre le refuge de Yenan (Die^n An). Le Sichuan est ainsi un reduit facile a defendre. Le seul probleme c'est que pour une armee il est aussi difficile d'en sortir.

La strategie de Khong Minh contemple la conquete de Thu.c. Il y envoie une expedition, avec Luu Bi, en tete, Ba`ng Tho^'ng comme stratege, et comme generaux Hoa`ng Trung et Ngu.y U*'ng. Qui? se demande le lecteur. Avec raison. Regardons la garnison de Kinh Chau au meme moment. Commandant en chef: Khong Minh; generaux: Quan Cong, Truong Phi, Trie^.u Tu*" Long. Comparant les deux armees, on voit tout de suite que Kinh Chau est le plus important des deux endroits. La` sont restees les troupes d'elite de Luu Bi. En effet, Kinh Chau permet une facilite d'attaque vers le Nord -- Chang An (Tru*o*`ng An) la capitale de Tao Thao-- que le Sichuan n'offrira jamais. Kinh Chau dans la pensee de Khong Minh est donc la piece maitresse de l'echiquier, le Joyau de la Couronne.

Un autre detail: le plan de Khong Minh ne contemple pas de batailles rangees pour le Sichuan. Digne precurseur de Machiavel ou du moins de Cesar Borgia, il contemple plutot l'assassinat.

Le maitre de Thu.c est Lu*u Bie^?u, un cousin lointain de Luu Bi, bien que plus proche de la branche dynastique des Han. Le plan est pour Luu Bi de se faire bien recevoir a la cour de Luu Bieu, puis au festin officiel d'offrir une demonstration d'art martiaux avec Nguy Ung performant une danse au sabre. Sur un signal de Luu Bi, Nguy Ung se jetterait sur Luu Bieu et...le Sichuan appartiendra a Luu Bi.

Tout se passe comme prevu. Mais a la reception, lors de la danse au sabre, Luu Bi hesite. Il ne peut se decider a donner le signal fatidique. Luu Bieu est un parent se dit-il; il m'a bien recu; on ne peut pas faire ce genre de choses a un hote. Le complot echoue. Ce genre d'hesitation est l'un des point-cles du Tam Quoc: le conflit permanent entre la moralite privee et la raison d'etat. Pour Luu Bi et ses freres, la raison privee prime souvent sur la raison d'etat, comme avec Quan Cong a Hue Dung Dao laissant Tao Thao s'echapper. Pour cette raison, ils vont echouer dans leur quete pour l'empire mais deviendront des figures de legende. Neammoins, comme un premier domino, cette hesitation de Luu Bi entrainera la chute de maints d'autres dominos, detruisant le Grand Plan et amenant la mort des freres Luu, Quan et Truong. Mais cela est dans le futur.

Pour l'instant. Luu Bieu apprend le complot auquel il a echappe de pres. Il lance son armee sur le campement de Luu Bi. S'ensuivit la bataille rangee que Khong Minh a voulu eviter. Bang Thong trouve la mort perce de fleches. Luu Bi doit s'enfuir et est assiege. Avec ses troupes mediocres, il est en danger de mort. Un seul remede: appeler au secours Kinh Chau.

Saturday, June 04, 2005

Impressions des mers du Sud


Je reviens de mon long voyage. Voici quelques impressions glanees au hasard


Rarotonga


Sous les palmiers des tropiques
Par une lune suintante de lumiere
Entrainee par les tambours de bois
La vahine danse
Au rythme lancinant du tamure


Des bras qui ondulent
Comme les vagues du lagon
Des yeux riants qui accrochent
Les coeurs comme un escarpement
Au rythme hypnotique du tamure


Une bouche de corail oceanique
Aux dents de perles pacifiques
Le galbe d'un sein entrevu
Entre les colliers de frangipaniers et d'hybiscus
Au rythme fascinant du tamure


Une peau de cuivre lisse
Caressee par les alizes
Couverte d'une sueur fine
Comme les embrunts d'au dela du recif
Au rythme frenetique du tamure


Des hanches qui dessinent
Des courbes fantastiques
Que les mathematiques
N'oseraient reduire en symboles
Au rythme effrene du tamure


Et plus bas encore
Tout s'explique d'un coup
Gauguin, Brando et Jacques Brel
Et les mutins du Bounty
Au rythme endiable du tamure


Les tambours se sont tus
La danse est terminee
Pourquoi il y a le coeur
Qui bat toujours la chamade
Au rythme persistant du tamure

Notes:
1. le tamure' ou tamoure' est une danse polynesienne avec des mouvements extremement rapides des hanches et du gluteus maximus. Pour les amateurs de tele de notre temps, on pouvait en voir deux secondes dans le generique de la serie Hawaii Five-O. Les missionaires ont des siecles durant essaye sans succes d'interdire cette danse et son cousin, le hula.


2. Rarotonga est l'ile principale de l'archipel des Iles Cook. Il etait une fois, sept pirogues remplies de guerriers et de leurs familles quitterent Rarotonga (j'ai visite le site de leur depart) en direction de la Croix du Sud. Apres un periple fantastique, couvrant plus de 3000 km d'ocean, ils decouvrirent une enorme terre qu'ils appelerent AoTeraoa., la Terre des nuages blancs, et s'y installerent. Les europeens baptiserent beaucoup plus tard cette terre la Nouvelle Zelande.


3. Pour les anciens de TC, j'exagere avec les maths. Tout le monde (qui a fait TC) sait que tout mouvement rythmique peut s'exprimer par une serie de Fourier. Mais Fourier ca fout rien quand la vahine danse.

La Mort de Quan Cong

Tam Quoc (7) La Mort de Quan Co^ng

On arrive a l'un des episodes les plus tristes des Trois Royaumes: la mort de Quan Cong. Quand j'etais petit, decouvrant le Tam Quoc, j'evitais ce chapitre (le titre en decrivait le contenu), ne pouvant me resoudre a lire en detail cet episode douloureux. Mais pour la continuite de l'histoire, il faut en parler. Reprenons le fil de la narration.

Luu Bi assiege au Sichuan demande de l'aide a Kinh Chau. Khong Minh recevant le message prepare immediatement une armee, ou plutot deux, pour la rescousse. Il envoit Truong Phi par la voie de terre, tandis que lui-meme avec le gros des troupes remonterait le fleuve. Il confie le commandement de Kinh Chau pendant son absence a Quan Cong.

Khong Minh donne des instructions strategiques precise pour preserver la ville. C'est le fameux " Ba('c cho^'ng Ta`o Tha'o, -Do^ng ho`a To^ n Quye^`n." Le salut de Kinh Chau et le destin de Luu Bi dependent de cette maxime: contrer Tao Thao au Nord mais s'entendre avec Ton Quyen a l'Est. La maxime montre une grande comprehension geopolitique. En effet Tao Thao est le plus fort des trois partis et Luu Bi le plus faible. Celui-ci ne pourrait guere resister a la force combinee des deux autres. On se croirait a la conference de Quebec apres Pearl Harbor, quand Churchill et Roosevelt deciderent de s'allier avec Staline contre Hitler. Il faut choisir ses ennemis.

Sur ce, Khong Minh s'embarque pour le Sichuan. Le voyage n'est pas vraiment remarquable, a l'exception d'un petit episode. Pres de l'entrée des Trois Gorges, Khong Minh, selon le Tam Quoc, etablit un dispositif de pierres qui fera parler de lui: le Ba't Qua'i Tra^.n Do^` (dispositif des huit trigrammes), Truong Phi de meme reduira les places fortes sur son passage et les deux colonnes debouchent dans le Sichuan.

Avec l'arrivee de Khong Minh tout est regle. Les troupes de Luu Bieu se desintegrent bientot. Luu Bi est secouru. Luu Bieu meurt dans les combats. Luu Bi s'approprie le Sichuan. Khong Minh le fait proclamer empereur de Thu.c, etablissant la dynastie de Thu.c-Ha'n.

Entretemps a l'Est, chez Ton Quyen, beaucoup de nouveau. Le grand amiral, Chu Du, meurt. Il est remplace comme stratege par Lu.c To^'n. Celui-ci veut reprendre Kinh Chau coute que coute, conscient de l'importance startegique de la place. Mais il y a un autre parti a la cour de Ton Quyen qui preconise la paix avec Luu Bi. Celui-ci l'emporte sur le moment. Ce parti preconise une solution a la Habsbourg: il est recommende a Ton Quyen d'offrir une de ses filles en marriage au fils de Quan Cong, scellant l'alliance entre Kinh Chau et Ngo. Ton Quyen envoie une ambassade chez Quan Cong pour proposer l'alliance. L'alliance familliale aurait represente la culmination du plan de Khong Minh, permettant au Sud unifie de s'imposer contre Tao Thao. Tout semble sourire a Luu Bi.

Quan Cong par son opiniatrete va tout detruire. Il est general habile mais n'a aucun sens de la geopolitique, desobeissant ainsi aussi aux instructions de Khong Minh. Il semble partager le mepris que les chinois du Nord ont pour les gens du Sud du YangTze (ces Viet semi-barbares - les chinois du Nord appelaient les gens du Sud les cent (tribus) Viet : ba'ch Vie^.t). Il rejette l'ouverture de Ton Quyen et l'offre de marriage avec des termes insultants: "comment consentir a unir mon sang avec celui de chiens." Il va payer avec sa vie cette remarque. Ton Quyen furieux laisse carte blanche a Luc Ton: c'est la guerre.

Luc Ton est stratege habile. Il attend le bon moment, qui se presente bientot. Tao Thao envoie une armee attaquer Kinh Chau. Pas de probleme: Quan Cong quitte la citadelle et se porte sur la frontiere Nord pour contrer la menace. Il engage l'armee de Tao Thao et est sur le point de repousser l'attaque quand la nouvelle survint.

Profitant de l'absence de Quan Cong, Luc Ton attaque Kinh Chau et par un coup de main occupe la citadelle. Quan Cong apprend l'attaque. Epouvante, il rompt la bataille avec les troupes Nguy et bat en retraite vers Kinh Chau. Les troupes Nguy le poursuivent. Arrive a la citadelle, il est accueille par la porte close de Kinh Chau et les insultes de Luc Ton. Des troupes fraiches Ngo attaquent. Les troupes de Quan Cong, fatiguees par les affrontements precedents et la marche forcee se desintegrent. Quan Cong est fait prisonnier.

Ton Quyen ne sait que faire de ce prisonnier encombrant, Mais Luc Ton le lui conseille: Quan Cong est trop dangereux pour laisser en vie. C'est ainsi que fut execute le plus grand heros des Trois Royaumes, avec son fils Quan Bi`nh, et son ecuyer Cha^u Xu*o*ng. Son destrier Xi'ch Tho^' (sueur rouge) refusa de manger et expira bientot aussi. Luc Ton envoya la tete de Quan Cong a Tao Thao. Decouvrant le cadeau macabre, celui-ci epouvante en devint malade et en mourut. Ce triste chapitre du Tam Quoc vit la fin de beaucoup de titans.

Le Tam Quoc rapporte que quelque temps apres l'execution, on commence a voir des apparitions de Quan Cong assis sur son cheval, tenant son grand glaive et flanque de Chau Xuong et Quan Binh. Le general meurt, le genie debute. Depuis, Quan Cong est venere comme un genie protecteur. Son culte est tres repandu. A Hanoi, l'un des plus beau temples, De^`n Quan Tha'nh a Ba Din`h pres du Grand Lac, est un temple dedie a Quan Cong, etrangement transmute comme genie protecteur de Hanoi. On y voit une grande statue de bronze magnifique du heros.

Entretemps, la nouvelle du desastre atteint Thanh Do.



Etre et Avoir

Il y a deux verbes auxilliaires en francais: etre et avoir. C'est un fait que j'ai toujours accepte sans question. Comme le ciel est bleu et le jour suit la nuit. Mais ces temps-ci je me demande. Pourquoi ces deux verbes, et est l'un plus important que l'autre?

Etre. Cogito ergo sum, Verbe important, Theologiquement parfait. Dieu lui meme s'en affublait. A la question d'Abraham qui demandait. "Qui etes vous seigneur?" il lui est repondu :" Je suis qui Suis" On est ou on n'est pas.. To be or not to be. Cela n'a rien a voir avec son merite. Etre est calviniste avant d'etre existentialiste. Il n'y a rien qu'on a pu faire pour eviter d'etre. On est. Un jour on est la. Le fruit d'une conception par des etres qui eux-memes n'ont pas choisi d'etre. Et ca jusqu'au debut de tout. Etre, c'est l'essence de l'existence.

Avoir, c'est materialiste. On a une voiture, une maison. Cela sous-entend beaucoup d'effort. Peut-etre c'est pourquoi on n'a pas d'auxilliaire faire. Car pour avoir on doit faire. Homo faber est la condition de l'Homo habet, mais pas tout-a-fait. Le verbe faire aurait ete plus noble, reconnaissant la valeur de l'effort. Mais avoir, non. Ce serait plutot un signe d'accumulation, d'avarice. C'est le mot que je cherche: avoir, c'est en essence l'avarice.

Y a t'il un choix ethique dans ces verbes? Etant donne ce choix restreint (propre a la langue francaise) lequel choisir: etre ou avoir?

Avoir a ses attraits. Ne disait-on pas dans les annees 80 que celui qui meurt avec le plus de jouets gagne? L'accumulation n'est-elle pas une fin en soi desirable? Qui d'entre nous de voudrait pas plus d'argent, d'amour, de standing, de diplomes, de reussite, de maisons, d'autos, d'admiration, d'enfants, de securite?

Mais en fin de compte etre est ce qu'il y a (ha ha) de plus important: l'existence, la vie. "La vie, c'est pas grand chose mais ca n'a pas de prix" chante t-on. Ne pas etre, ne pas exister, le neant c'est en fin de compte la chose la plus angoissante. Et le neant n'admet pas d'accumulation. On ne peut pas l'emporter avec nous. Donc il vaut mieux suivre le psaume: " Sois tranquille et sais que Je suis." Les grands mystiques de tous les temps sont tous d'accord.

Il y a une dimension ou l'effort personnel est reduit a rien, ou la destinee humaine ne peut atteindre. Devant cette dimension, les musulmans disent inch'Allah, les chretiens disent suivre Jesus, les bouddhistes prechent le detachement. Les taoistes parlent du Tao. Mais en fin de compte ils veulent dire ca: "sois." Et souviens toi que c'est le nom de Dieu.

PS: cette discussion concerne etre et avoir en francais. Y-at-il une difference culturelle? Une enquete recente a revele que pour les Allemands, le mot le plus beau est "Habseligkeit" (possessions) Quelle en serait la significance.? Je laisserai cette question au lecteurs.